Thibault Franc

Thibault Franc, atelier expérimental, Domaine du Défend, Rousset 1Thibault Franc, atelier expérimental, 2016, Domaine du Défend, Rousset, détailThibault Franc, Les livres de la jungle 1, 2016, dĂ©tail, Domaine du dĂ©fend
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Vit et travaille Ă  Arles

RĂ©sidence : Domaine du DĂ©fend, Rousset

Exposition(s) : Vernissage : le 16 septembre, 18h - 22h - Exposition jusqu'au 15 octobre (sur rendez-vous)

Atelier de campagne

Glaner la guerre

Le domaine du DĂ©fend, une bastide du siĂšcle industriel, au sein d’un grand domaine agricole. Les Coutagne, une famille d’ingĂ©nieurs, de chercheurs, de poĂštes. D’énormes bĂątiments de brique solide, aux centaines de chevaux, de manouvriers ; de la vigne, des vers Ă  soie, du tournesol, du blĂ©, de la vigne, la terre soulevĂ©e, sous la menace d’une vague de pierre faussement figĂ©e, la Sainte-Victoire, venteuse ou guerriĂšre.

PrĂ©sence dispersĂ©e du passĂ©, plĂątres et moulages, cadavres empilĂ©s, engrais peut-ĂȘtre pour la terre de PourriĂšres, murets de crĂąnes et statues, carriĂšres de marbre, Ă©loge de la guerre et de la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Comme des spectres s’élevant du sol lorsque tombent les vents, brumes de pierre et calvaires, fantĂŽmes des pins de CĂ©zanne retombĂ©s en poussiĂšre, images rĂ©manentes sur la rĂ©tine de glaise des champs irriguĂ©s, bourbiers des vins Ă  venir pour le plaisir des bĂȘtes, sangliers, renards, compagnies de perdrix, aigles de Bonelli, mercenaires du paysage.

Le peintre se glisse derriĂšre les machines, Ă  quelques mĂštres en arriĂšre d’une riche moisson culturelle, pour ramasser le grain tombĂ©, grappiller les miettes Ă  l’automne du monde civilisĂ©. Il glane, il assemble, il rĂ©pare. Il est le dĂ©trousseur sur le champ de bataille, que l’on voudrait sinistre, mais oĂč refleurissent dĂ©jĂ  les racines profondes du monde. Pour perdurer, il jubile, comme un enfant devant son puzzle, un jeu infiniment dĂ©pareillĂ©, de mots, de touches, de fragments : l’histoire des hommes, le livre de toutes les jungles, ce texte antique toujours Ă  enluminer, sans fin.

Thibault Franc, septembre 2016

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Né à Bor­deaux en 1976.

À la maniĂšre d’un archĂ©o­logue, Thi­bault Franc accu­mule des traces de vie et de mort d’un pré­sent tombĂ© tout juste dans le passĂ©. Il ras­semble diverses sen­sa­tions, res­sen­tis, preuves du vivant et de sa mise Ă  mort. L’Ɠuvre reste un ter­rain foi­son­nant et empi­rique oĂč sou­vent est lais­sĂ©e la part belle Ă  l’anomalie, Ă  la fra­gi­litĂ© et Ă  la mal­adresse. Il y va de la pré­ci­sion et de l’acuitĂ© d’un regard sans conces­sion.
Les mor­ceaux sont tels que leurs lam­beaux de parures se donnent comme le pro­lon­ge­ment du corps mais avec chaque fois une inter­pré­ta­tion spé­ci­fique des rap­ports entre l’organique et le tem­po­rel.
De ce four­mille­ment — et comme le remarque Ber­nard Gar­nier de Laba­reyre — sur­git une unitĂ© plas­tique oĂč la « parure est moins cache que centre. »

Le temps d'un Ă©tĂ©, Thibault Franc s’est installĂ© au Domaine du DĂ©fend dans un des espaces ateliers, afin de pouvoir expĂ©rimenter cet atelier de campagne. L’artiste fut libre de dĂ©velopper un projet expĂ©rimental faisant lien et corps avec le site.