Résidence : Maison d'Eyguières, Les Baux-de-Provence - Vernissage le samedi 3 juin, 18h30 dans le cadre de la manifestation Publications d'Artistes
Exposition(s) : 2 juin au 2 juillet 2017
Les Baux-de-Provence
L’ÉNIGME DE LA MAISON DU PEINTRE Story telling Attention : vous risquez de trouver un de ces jours un artiste sous votre lit, si ce n’est même dans vos draps. Des artistes il y en a partout aujourd’hui : des encombrants, des déserteurs de l’art, des sans-épaisseur, des transfuges d’autres disciplines, des presque-génies, des entretenus ou comme ici un prolétaire dandy de l’art. On ne sait où se tourner pour ne plus les voir. Le lieu La maison d’Eyguières est mise à la disposition de Jean Le Gac pendant deux mois, d’avril à juin 2017. Au cours de cette période, le Peintre, auteur, écrivain, photographe, explorateur, détective sera dans la maison et y travaillera sans relâche. Ce sera la maison-atelier du Peintre. .............. Jean Le Gac, né en 1936 à Alès, est un artiste-peintre français. Il est l'un des représentants de la Nouvelle figuration. Professeur de dessin, il n'est guère tenté par une carrière conforme aux tendances qui dominent les années 1960, et ses premières activités (promenades, envois postaux) s'affirment en marge des catégories admises, comme celles de Christian Boltanski qu'il connaît depuis 1966. Passionné de littérature, il en vient à proposer, d'abord dans de modestes cahiers juxtaposant photos et textes également allusifs, le récit des faits et gestes d'un peintre anonyme : ce matériel narratif l'autorise à se définir comme artiste-peintre, projetant ses problèmes, ses doutes et ses humeurs sur son double. Présenté par Harald Szeemann à la « Documenta V » dans le cadre des Mythologies individuelles, Le Gac est alors intégré dans un Narrative Art aux côtés de Boltanski, Messager ou Jochen Gerz. Son travail rejoint progressivement la présentation classique de la peinture : photos et textes (eux-mêmes photographiés) s'organisent en panneaux encadrés, sans renoncer à l'aspect livresque (Le Peintre de Tamaris, 1989, Introduction aux œuvres d'un artiste dans mon genre, 1987). Depuis 1981, il reproduit avec les techniques traditionnelles (fusain, pastels) des illustrations empruntées à la littérature populaire, qui permettent à son personnage de vivre de nouvelles aventures, toutes également stéréotypées, et complète ses images par des objets (machine à écrire, appareil photo, projecteur de cinéma) évocateurs d'une mise en scène ou d'une fiction qui n'en finit pas de mettre en abyme ses procédés : l'œuvre de Le Gac s'élabore sur l'absence d'œuvre de son héros.
En tout cas, vous voilà prévenus. Si vous visitez le dernier domicile d’un « incertain le Gac », que vous montez jusqu’à sa chambre à la maison Eyguières aux Baux-de-Provence, vous y trouverez le lit de la peinture dans lequel on ne peut pas coucher. Autre témoin de son dernier refuge pour l’été, vous découvrirez son livre unique, sa monographie en un seul exemplaire (un fac-similé existe)… et partout une peinture inachevée, en cours d’exécution, des esquisses pour défier le vertige, les représentant sa femme et lui en danseurs mondains passant de la chute libre parmi les oiseaux effrayés au vol plané ou renversé au-dessus de ce paysage minéral des Baux-de-Provence.
L’énigme naitra de ce travail durant lequel l’artiste multipliera les interventions picturales et textuelles. Jean Le Gac, inspiré par la minéralité, l’austérité, la magie des lieux s’y percevra comme le Peintre du rocher, en oiseau rêveur, sur le motif, héros facétieux d’une histoire en devenir. Il inventera une sorte d’autobiographie fictionnelle. Ses recherches laisseront des traces énigmatiques et indicielles sur les murs des différentes pièces de la maison, de l’antichambre à la cuisine, de la cuisine au salon, en passant par la chambre et les commodités. Peinture sur le vif, dessins, esquisses en cours d’exécution, fragments épars de coupures de presse viendront étayer le récit. Des ouvrages divers, livres d’artistes, illustrés, bandes dessinées, romans policiers, littérature populaire occuperont les meubles vitrines comme un fil à remonter le temps. Jean Le Gac investira chacune des pièces pour une production inédite. Il recevra pendant le temps de la résidence à deux reprises le public avec lequel il s’entretiendra du motif de son séjour et de sa vie d’auteur et d’artiste.