mountaincutters

mountaincutters, "Bolus (hypogastre mineral)., 2016, Domaine de Saint-Ser, Puyloubiermountaincutters, "Bolus (hypogastre mineral)., 2016, détail, Domaine de Saint-Ser, Puyloubiermountaincutters, "Bolus (hypogastre mineral)., 2016, détail, Domaine de Saint-Ser, Puyloubier
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Vivent et travaillent entre Marseille et Bruxelles

RĂ©sidence : Domaine de Saint-Ser, Puyloubier

Exposition(s) : Du 25 juin au 30 octobre 2016 / Vernissage le 24 juin 2016, 18h

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Les résidences

Bolus (hypogastre mineral).

Il s’agit d’une installation composée de différentes structures métalliques ancrées au sol et dans lesquelles sont suspendues des formes, retenues par des filins métalliques accrochés à chaque angle.
Les formes en question sont des contenants en céramique ou béton, tirant leur forme d’origine des trous que nous avons creusés dans la zone de travail qui sont à la fois les négatifs terrestres, des moulages de creux, des carottages géologiques transformés au moyen de la céramique. La céramique convoque toutes ces opérations tectoniques d’eau et de terre, mêlée à différents minéraux qui par modification brutale de températures et par des fusions, se transforment en cristaux, minéraux, glaçures et vitrification naturelles.
Aux alentours de l’installation, les trous creusés sont visibles et certains contiennent encore leur négatifs en céramique, attestant l’impossibilité d’archiver et d’arracher entièrement la mesure du sol.

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mountaincutters est un jeune duo d’artistes.
NĂ©s en 1990, ils vivent et travaillent entre Marseille et Bruxelles.
Diplômés et lauréats de l’École Supérieure d’Art et de Design de Marseille Méditerranée en  2014.
Prix ESADMM en 2014.

Identité hybride, le duo mountaincutters pratique principalement la sculpture in-situ, contaminant radicalement l’espace des lieux où il/elle expose. En écho à cette identité trouble répond une incertitude esthétique, qui privilégie les situations transitoires et les formes inachevées pour des compositions a priori fortuites, à la beauté sauvage. Matériaux corrompus et objets salis, poussière et rouille envahissant surfaces et sols, bétons brisés, céramiques grossières, eau en circuit continu, les installations de mountaincutters sont des traces d’activités improbables, suspendues entre construction et destruction, architecture et archéologie, s’apparentant parfois à un chantier abandonné. Un caractère brut, pour ne pas dire brutal, dont l’« informe » suscite une part de doute. Rangé (ou plutôt dérangé) comme un tapis sous la poussière. Cette aridité manifeste, tendance arte povera chaotique, ne masque pas la rigueur ni la précision de compositions discrètement théâtralisées, qui impliquent toujours une activité « en creux ». De fait, tout ici résonne d’un corps absent, dont les sculptures présentées seraient les prothèses, appendices rudimentaires et insuffisants figés dans une logique fonctionnelle dont la finalité nous échappe. Et si c’était une scène de théâtre, ce serait celle de la tragédie, ou plus précisément de ses résurgences à l’ère industrielle, la fièvre en moins, la distanciation en plus. De fait, la pratique sculpturale de mountaincutters a quelque chose de littéraire. Elle s’accompagne d’un travail parallèle d’écriture, poésie brute rédigée à la première personne, qui ouvre un pendant organique aux structures matérielles, entre programme et commentaire potentiel de ce qui pourrait se passer dans l’espace. Parfois, c’est la présence de photographies argentiques qui engage des amorces de narration. Dès lors, c’est un insondable mystère qui se dégage de cette
« œuvre », qu’on entend ici au double sens étymologique de travail et d’opéra, c’est-à-dire lié à la peine, à la modification des corps, mais aussi à l’énigme de la création.

Guillaume DĂ©sanges